Biographie

  Guido de Bonis est né à Turin (Italie) le 27 mars 1931, son père était Commandant de Carabiniers et est mort en opération à Palerme. Il aimait évoquer son enfance et son adolescence assez solitaires et racontait qu'après avoir couvert de dessins les blocs d'ordonnances de son parrain médecin, celui-ci les avait soumis à certains de ses amis peintres et en avait obtenu des appréciations flatteuses qui ont encouragé le filleul préféré à s'engager dans des études d'art. Il fréquente alors l’École des Beaux-Arts de Turin et l`Académie Albertina de Turin sous la direction d’ltalo Cremona (1) qui fut son maître mais surtout son ami, et qui écrira une préface enthousiaste pour sa première exposition personnelle dans cette ville, en 1952 (Galerie « Il Grifo »)

Après ses études, il entreprend de longs voyages en Allemagne, en France, en Hollande et, grâce à une bourse destinée à rédiger un mémoire sur l'Art Asiatique, il parcourra le Moyen et l'Extrême-Orient : Liban, Perse, Turquie, Maroc, Inde, Thaïlande, Japon et Hong Kong. Ce sont ces pérégrinations qui lui permettront de percevoir et de comprendre l'âme de ces peuples aux traditions artistiques millénaires. La découverte de l'utilisation de l'or et de l'argent des miniatures persanes et chinoises, les inventions picturales indiennes vont faire entrer dans sa peinture une certaine symbolique métissée, issue de la juxtaposition du naturalisme et du fantastique. Son univers va s'enrichir d'un contenu narratif que le surréalisme ne possède pas ; c'est pourquoi Guido De Bonis a toujours eu tendance à préciser qu'il n'a « aucune affinité » avec ce dernier courant pictural même si sa culture et ses sources littéraires et artistiques croisent souvent celles de l'univers d'André Breton.

De retour en Europe, il va faire de fréquents séjours à Munich, Amsterdam et Londres et surtout Paris où son imaginaire court du métro aux boulevards, des lieux les plus à la mode aux simples bistrots de quartier, c'est là que va s'élaborer le Paris secret de De Bonis, raconté au-delà des clichés, celui que seuls quelques-uns parviennent à découvrir. Il publiera un recueil de 12 linogravures consacré aux bistrots parisiens, édité à l'occasion d'une exposition à la Galerie « Dantesca » à Turin en 1963. Il utilisera également la linogravure, en 1965 pour illustrer, dans une revue consacrée au théâtre (IL DRAMMA, numéro 340 de janvier 1965), une farce en trois actes de Carlo Terron intitulée « Il diamante del profeta ».

Parallèlement à ces collaborations avec des revues littéraires tant en France qu’en Italie il va côtoyer marginalement le groupe fondé à Turin par ses amis artistes turinois et créé en 1964 par Lorenzo Alessandri (2), groupe appelé " Surfanta " (3), qui dérivait initialement de " Surréalisme et Fantaisie ", puis de " Subcontinente Reale Fantastica Arte ", mouvement soutenu par la revue homonyme dont les idéaux artistiques se rapprochent beaucoup de son désir d'une autre voie pour l'art que celle des chapelles consacrées à cette époque (Surréalisme, Arte Povera, Abstraction …). Finalement il lui préférera l'influence de Raffaele Pontecorvo (4), qui avait attiré à lui un cénacle de jeunes élèves, d’où vient le nouveau courant surréaliste turinois, qui va élaborer un discours d'une grande originalité.

De retour en Italie, il alterne son activité de peintre avec celle de céramiste, travaillant à Albisola et exécutant de grandes compositions décoratives pour des institutions publiques et privées en collaboration avec les architectes Ugo Cavallini et   Nik Edel. Dans les années 1980 il travaillera, une nouvelle fois, à une décoration en céramique pour «l'Alfa Teatro » de Turin (le théâtre des marionnettes).

Au fil des voyages, des rencontres et des lectures (Tolkien, Poe, Melville, Hemingway …) Guido de Bonis va poser les bases de son univers mythologique et graphique avec deux sources d'inspiration : l'océan et la forêt qui vont lui fournir la base de son univers de métamorphoses dans lesquelles l'humain, l'animal et le végétal s'unissent pour donner naissance à un monde poétique peuplé de créatures fantastiques.

Sur son chevalet était calligraphié le vers de Baudelaire publié dans « L'homme et la mer » en 1857 : « Homme libre, toujours tu chériras la mer ». L'océan - ses vagues, ses tempêtes et ses légendes - lui offrira le prétexte à de multiples œuvres tout au long de sa vie. En 1989 il publiera un recueil d'aquarelles, avec un texte de Angelo Mistrangelo intitulé « Leggende Bretoni ». Dans son texte de présentation de son exposition à Orta, en avril 2000, Guido de Bonis écrira : « La mémoire des peintres fantastiques est semblable à un fond marin où tout (algues, coquillages, squelettes, épaves) se décompose, se corrompt, se transforme, se métamorphose sans jamais être détruite ».

C'est par le biais d'une corrézienne, Jeanne Hugonie, qui deviendra son épouse qu'il va découvrir la Corrèze, ses forêts et ses rivières. Le couple s'est installé dans une des plus vieilles demeures de Sainte-Fortunade (Corrèze), une maison-tour médiévale qu'ils ont fait restaurer (maison surnommée « La Casa del gufo ubriaco »), dans laquelle " Maître de Bonis " aimait recevoir ses amis (entre autres les membres de l'Ecole de Brive dont Michel Peyramaure (5) et Denis Tillinac) (6), et ses nombreux invités, royalement installé sur un fauteuil au dossier en forme de hibou, fumant des cigares "Toscano" (qu'il faisait mariner dans de la "Grappa" puis longuement sécher) et buvant ce qu'il nommait "son thé froid du soir" (du Whisky).

La maison du Hibou saoul

Céramique de Guido de BONIS

Sa vie, à partir des années 70 va donc se partager entre le Piémont et la Corrèze où il réalise d'importants travaux décoratifs avec les architectes Bouillaguet et Spangenberger dans une école de Tulle, une sculpture monumentale destinée au Centre Hospitalier Jean-Marie Dauzier à Cornil et une fontaine (aujourd'hui détruite) pour le Centre culturel de Tulle. 

En collaboration avec Guido Audero, il réalise une série de bijoux en or et argent. Pour l’écrivain Ugo Ronfani et l’éditeur Antonio Brandoni il dessine, en 1980, une dizaine de lithographies destinées à un volume dédié au théâtre de Jean Genet (7). Il retravaillera avec le même éditeur, en 1995, pour illustrer, par dix lithographies, une édition de "L'histoire d'Arthur Gordon Pym" d'Edgar Allan Poe.

En 1987 il va investir une modeste chapelle, la "chapelle des Métayers" de Sainte-Fortunade dont il va couvrir les murs de peintures représentant les travaux des champs.

Il poursuivra ensuite inlassablement son travail, développant les deux thèmes qui lui sont chers : la forêt et l'océan qu'il va évoquer dans de nombreuses toiles, des dessins et des lithographies.

Dans les dernières années de sa vie il devra quitter sa maison de Sainte-Fortunade pour s'installer à Nonards, toujours en Corrèze. Il décède à Brive-La-Gaillarde le 21 août 2013.

Ses œuvres sont dans des collections publiques et privées en Italie, France, États-Unis, Canada, Allemagne, Belgique, Suisse et Pays-Bas.

Guido de Bonis travaillant sur la sculpture du centre Hospitalier Jean-Marie Dauzier de Cornil (Corrèze)

Guido de Bonis dans son atelier à Sainte-Fortunade 

Photo Jacques Lagarde